J’ai rencontré les représentants de l'ASBL "Infirmiers de rue" afin de me rendre compte de leurs actions sur le terrain au quotidien.
Créée il y a une quinzaine d’années, l’ASBL Infirmiers de Rue est active avec des équipes en rue pour reloger des personnes en situation de sans-abrisme aggravé. La relation de confiance est établie en portant une attention particulière à leur hygiène et à leur santé. Les personnes retrouvent ainsi leur identité, leur dignité, via un meilleur soin de leur corps. L’objectif n’est toutefois pas de maintenir les soins en rue: les Infirmiers cherchent à sortir ces personnes de l’exclusion sociale en les réinsérant dans différentes structures, avant de leur trouver un logement digne et adapté à leurs besoins.
Le sans-abrisme et absence de chez soi à Liège
Selon une étude de la Fondation Roi Baudouin, 422 adultes sans-abri ou sans chez-soi ont été recensés à Liège le 29 octobre 2020.
La durée du sans-abrisme à Liège peut être qualifiée d’élevée ; pas moins de 40% des personnes dénombrées sont sans logement depuis plus de deux ans. C’est particulièrement le cas de celles qui se trouvent dans les situations de vie les plus difficiles : en rue et en logement inadéquat, pas moins de 60% des personnes sont sans-abri ou sans chez-soi depuis deux ans ou plus.
Le public recensé à Liège compte 30% de femmes. Elles sont majoritaires parmi les personnes en logement de transit, où elles sont aussi souvent accompagnées d’enfants. Deux tiers des personnes recensées sont Belges, auxquels on peut ajouter 10% de personnes d’origine étrangère en séjour permanent. Les proportions de problématiques d’addiction et de santé mentale sont élevées (respectivement 43% et 22,3%).
L’ASBL Infirmiers de Rue, qui sont-ils ?
Infirmiers de Rue compte aujourd’hui trente-deux employés à Bruxelles et, depuis 2019, trois employés à Liège. L’équipe est multidisciplinaire, composée d’infirmier.e.s, assistant.e.s sociaux, éducateur.ice.s, médecins, et d’une équipe de gestion.
Le travail des Infirmiers de Rue se fait essentiellement en trois étapes :
Le pré-suivi : une personne en situation de détresse est signalée aux Infirmiers de Rue. L’équipe part à sa rencontre et rentre en contact avec elle pour connaitre son parcours. L’accroche se fait par le soin et l’hygiène.
Le suivi : si l’équipe estime que la personne fait face à une situation de grande vulnérabilité, elle entre alors en phase de suivi. Les rencontres et échanges ont lieu au moins une fois par semaine. L’équipe cherche à faire un travail autour du soin du corps afin que la personne retrouve progressivement son identité, sa dignité. Une remise en ordre administrative est réalisée, ainsi qu’un repérage de "talents" (identifier ses centres d’intérêt, ses compétences, etc.). Mais l’objectif premier reste l’insertion dans un logement, soit en institution ou en individuel. Les Infirmiers de Rue s’inscrivent dans une démarche de type Housing First, où le logement devient la première étape de la réinsertion sociale des personnes sans-abri.
Le post-suivi : le nombre de rencontres diminue progressivement à un passage par mois. En cas de « rechute », la personne peut repasser en phase de suivi.
Avoir un logement et se sentir chez soi est absolument essentiel à l’émancipation de chacune et chacun. Le travail des Infirmiers de Rue est en ce sens remarquable, et a d’ailleurs déjà porté ses fruits : l’équipe est déjà parvenue à réinsérer 156 personnes en logement de façon durable.
Mais lutter contre les inégalités afin d’éradiquer la pauvreté ne peut uniquement se faire avec des mesures d’urgence ; une politique structurelle de lutte contre le sans-abrisme doit être menée. Parmi les mesures clés, le Parti Socialiste préconise de développer un parc de logements sociaux, le housing firs, les capteurs de logement et les logements de transit, lutter contre la précarité énergétique et hydrique, légiférer sur les dettes privées, clarifier la notion d’adresse de référence ou encore créer un fonds régional de garanties locatives.
Tant de mesures qui permettront de rendre la dignité à des personnes qui ont fait face à de grandes difficultés ; tant de mesures que je continue de défendre avec force au Parlement fédéral et dans ma commune !
Comments